Le liège… Voilà plus de 5 000 ans qu’on l’utilise pour ses qualités. Léger, imputrescible, imperméable, résistant, il obstrue tout en laissant respirer le liquide intérieur, une vertu sans pareille qu’apprécieront un jour les vignerons !
À Pompéi, à Rome, on a retrouvé des amphores ayant vraisemblablement contenu du vin et dont le goulot était fermé par un “morceau” de liège. À quelle période apparaît le “bouchon” de liège ? Difficile à dire.
Au fil du temps, le liège va être utilisé dans des domaines où l’on ne soupçonne pas sa présence, tels l’aéronautique, l’automobile, le génie civil… les accessoires de mode, le mobilier écologique ! Longtemps, il sera l’accessoire indispensable au pêcheur à la ligne qui pendant des heures surveillent les oscillations de son bouchon ! (bouchon aujourd’hui fabriqué à partir du polystyrène).
– Et nos chênes-liège dans tout cela ?
Patience… ils arrivent !
Le chêne-liège se cultive en plein soleil et à la chaleur, dans une terre plutôt pauvre, acide, sablonneuse, surtout pas calcaire ni trop humide. C’est dire s’il est heureux dans notre sud ! L’eau nécessaire à toute vie, il la puise grâce à ses racines qui s’enfoncent profondément dans le sol. Il n’apprécie guère le froid : un -5°C durant plusieurs jours peut lui être fatal.
Si on en trouve en Chine, en Perse, c’est autour du bassin méditerranéen qu’il aime à vivre et notamment au Portugal : il est présent sur 736 000 ha [une production de 160 000 tonnes/an de liège] alors qu’en France, il n’occupe que 100 000 ha situés principalement dans les Maures et dans l’Estérel [4 000 tonnes/an].
Et voici qu’accostent les pointus !
On aperçoit un pointu de pescadous, pêcheurs professionnels, de retour au port et du liège récolté dans l’Estérel et dans les Maures, en attente d’être embarqué sur un cargo… à moins qu’il s’agisse de liège venu d’ailleurs pour être transformé dans les bouchonneries locales, Fréjus, le Muy, Vidauban, Gonfaron, j’en oublie.
Le chêne-liège varois a beaucoup souffert à cause des incendies successifs et le tonnage de liège récolté entre juin et août a chuté. Peu de propriétaires forestiers du pays gèrent leur suberaie (forêt de chênes liège) devenue parfois inaccessible.
Je donne un exemple parmi d’autres… le mien ! Je n’ai plus de chemin d’accès pour me rendre à la forêt familiale de l’Escaillon dans les Maures (commune de Roquebrune). Le chemin charretier qui n’est pas présent sur le cadastre a été barré par des propriétaires de villas. Allez leur faire comprendre que toute propriété doit disposer d’un chemin d’accès.
Les cargos n’accostent plus à Saint-Raphaël mais quelques pescadous sont toujours là. Ils disposent d’un nouveau marché au poisson qui accueille les clients le matin.
À la place de ces empilements de liège, on a érigé la capitainerie. Le port a été totalement restructuré pour accueillir des bateaux de plaisance de toute taille, y compris des yachts immenses. La plaisance a eu le vent en poupe puisque à l’ouest de ce port a été créé Port Fréjus et à l’est celui de Santa Lucia… ces trois ports de plaisance se situent sur moins de 2 km les uns des autres.